Les tendres années d’une brute
Chapitre un : Le quotidien Rolehammer ouvrit les yeux péniblement, encore plus fatigué que quand il s’était couché. Tout son corps n’était qu’un poids. Il s’approcha de la meurtrière et vit que comme d’habitude, le soleil était déjà très haut dans le ciel. Il ne devait pas être loin de midi, l’heure normal pour se lever quand on est fils du baron nan ? C’était pas le genre à se lever à cinq heures du matin pour… aller faire quoi ? Courir à moitié nu le long des chemins… à quoi bon puisque les chevaliers se battaient à cheval ? S’entraîner au combat des heures durant… d’accord ! Mais à son rythme. Un entraînement à l’épée ou au pistolet à l’aube ou après le repas c’est le même.
Il vivait dans une petite baronnie de campagne ou les règles de l’orthographe paraissaient secondaires, on écrivait d’ailleurs baron avec deux r et c’était la coutume. Quand quelqu’un soulignait ce fait, pensant avoir découvert une faute d’orthographe et voulant faire étalage de sa science, il était sujet à des plaisanteries et des réflexions : Tout de suite on savait qu’il n’était pas de la région ! Ces parents lui avait donné un prénom Thiléen, « Bartholdi ». En allant aux croisades, le père de Rolehammer était passé par la Thilée et avait décidé d’appeler son fils de manière originale. Qui pouvait bien s’appeler Bartholdi en pleine campagne du Ostland ?
Plus tard dans la journée, Rolehammer rejoignit ses deux amis dans le parc pour une séance de tir. Marcus et Pistache avaient déjà commencé à boire la bière et à manger les petites pommes de terre râpées, une spécialité Thiléenne qu’ils appelaient « chips ». Son père avait ramené la recette d’un de ses voyages et ces « chips » avaient connu un rapide succès auprès de la jeunesse mondaine. Marcus était gros et bagarreur, les cheveux longs et souvent sales, il était régulièrement charrié par les deux autres à ce sujet. C’était le fils d’un des sergents du baron Rolehammer. L’autre, Pistache, était le fils du baron voisin. Il était assez petit et tout sec. Il racontait tout le temps des sottises et des blagues et pour imiter le père de Rolehammer, il avait ramené des pistaches d’Estalie lors de ses études à l’étranger, le surnom lui était resté. Sa personnalité exubérante et son physique chétif contrastait avec le caractère introverti et le corps massif de Rolehammer.
« Arrêtez de manger des chips comme ça bande de crevard et regardez l’artiste ! »
« Allez vas-y gros tas ridiculise toi une fois de plus avec ton pistolet de pouilleux ! » Renchérit Marcus.
« T’as vu ta couenne raclure ? Tu viens me faire des réflexions après ! hahaha… »
…
Rolehammer tira un coup de pistolet dans le mile et les deux autres se mirent à jacter encore et encore. Fallait pas rigoler quand il s’agissait de tirer, Rolehammer était là.
Chapitre deux : Une anecdoteUn soir, les trois compères descendirent à Biturburg, la ville locale. Ils entrèrent dans une taverne et se mêlèrent aux divers gens qui étaient là. Beaucoup n’étaient pas des locaux, il y avait des Middenheimers et des nains, mais également un groupe de mercenaire. Après avoir engagé la conversation avec l’un d’entre eux, le patron de l’établissement se mit en colère. Non contents d’avoir passé leur temps à faire des plaisanteries outrageantes envers les femmes du Ostland et d’avoir fait suffisamment de bruit pour qu’on entende qu’eux dans la salle, ils rechignaient pour payer, prétextant qu’ils devaient moins de verres que ce que le tavernier prétendait. Le groupe de mercenaires, une dizaine d’hommes armés et coriaces eurent raison du courage du tavernier. Que pouvait-il faire d’autre que de les laisser partir ? A la moindre occasion ils se seraient fait un plaisir de tuer tout le monde et de casser la taverne. Les middenheimers voyant à quel point il était facile de sortir d’ici sans payer firent de même en éclatant de rire. Il ne restait plus dans la salle que des Ostlanders locaux et trois nains. Comme on s’y attendait, les nains payèrent leurs consommations et partirent rapidement après. Puis le tavernier et deux clients se mirent à discuter de l’événement. A les entendre s’était chose habituelle et les coupables étaient toujours impunis, la milice ne se préoccupait pas de ces bandes de mercenaires.
Enervés et un peu éméchés, les trois amis sortirent de l’endroit prestement et sur le chemin du retour croisèrent le groupe de lascars en train de beugler dans la rue. C’était la nuit et leurs perceptions étaient bien entamées par la boisson.
« Ces ordures se croient chez elles, inutile de nous mesurer à elles pour l’instant leur heure viendra, par contre j’en ai vu un partir pisser dans la ruelle là bas… Voyez mes amis, les autres ne l’on même pas remarqué, ils repartent déjà. » Dit Rolehammer.
« On va le descendre ! » Renchérit Marcus.
Sans un mot de plus ils se précipitèrent dans la ruelle et virent le bougre uriner contre la poignée d’une porte. Ils se mirent dans son dos sans descendre de cheval et dégainèrent leurs pistolets. Le mercenaire se retourna et commença à avoir peur, il cria à l’aide mais aussitôt trois décharges interrompirent son cri. Il s’effondra dans son urine encore chaude, le froc abaissé.
« Au galop ! Fichons le camp ! Yahahaaa ! »
« Il a mangé votre complice, et s’est la même fin qui vous attend si vous restez en Ostland bande de vermine ! »
S’exclama Pistache quand les trois hommes passèrent devant les autres. Interloqués, les soudards réalisèrent qu’il manquait l’un des leurs et comme ils étaient tous à pieds, ils ne purent rien faire d’autre que subir.
Fallait pas rigoler avec la note.
Chapitre trois : La fin de la bandeLa paix favorise les faibles et l’argent. L’argent favorise la corruption et la corruption mènent au chaos. De temps en temps un gros orage s’abat sur le pays et le laisse propre comme un sous neuf, et ça fait pas de mal.
Dernièrement les répurgateurs avaient fait de plus en plus de bûchers, les autodafés se multipliaient, les hérétiques et les traîtres étaient démasqués par centaines.
Rolehammer et ses sbires regardaient comme à leur habitude une exécution de cultistes du chaos sur la place principale du village. Un spectacle fascinant jouissif mais qui était devenu banal au fil des semaines que se répandait la grande peste.
En rentrant au château, Marcus paru soudain pâle et tremblotant. On pensa à une mauvaise grippe et on y pensa plus. Dans la nuit cependant, les paroles du crieur de rues revinrent sans cesse à l’esprit de Bartholdi Rolehammer :
Les victimes de ce fléau du Chaos commencent par éprouver une grosse fatigue, des douleurs et des maux accompagnés d'une soif extrême. S'ensuivent des nausées, mais il faut au moins un mois pour atteindre la phase finale de la maladie. Ce n'est qu'alors que l'atroce nature de la peste se révèle. Les malheureux qui ont enduré pendant trois à quatre semaines les symptômes de la peste commencent alors à changer, à se transformer en monstrueux mutants du Chaos qui attaquent sauvagement toutes les créatures vivantes qu’ils rencontrent. Ceux qui ont eu la chance de ne pas contracter la peste se voient finalement tués par les monstres sauvages qu'elle a engendrés.
Le lendemain, Marcus était aussi malade que la veille, il restait au lit toute la journée. Rolehammer et Pistache lui rendirent visite car tous deux s’étaient passé le mot comme quoi Marcus était probablement déjà en train de ressentir les prémices de la peste.
« Alors ? Ça va pas Marcus, y t’arrive quoi ? » Lui demanda Pistache.
« Ben… Je sais pas la crève quoi ! J’ai mal à la tête, à la panse et j’ai vomi. »
Rolehammer le regarda d’un oeil glacial et lui demanda s’il avait soif. Marcus ne fit pas le lien tout de suite et s’empressa de répondre qu’il avait très envie d’un verre d’eau. Rolehammer lui servit son verre et ne dit rien de plus. Intérieurement il savait que son ami était contaminé. Il regarda Pistache et lu sur son visage que lui aussi avait compris.
« Quesqu’on fait Rolehammer ? Tu crois qu’il est atteint ? »
« pffff… Faut qu’on fasse appel à un professionnel. Il y a un répurgateur au village, Dietrich van Mertzger. Il a l’air de connaître son métier… »
« Nan tu veux faire appel à lui ? Arrête c’est un pyromane ! »
« Marcus est condamné ! Il est déjà mourrant ! »
Ils continuèrent à discuter sur ce qui convenait de faire et au soir ils tombèrent d’accord. Ils allaient attendre trois semaine et voir comment évoluait la maladie avant de prévenir quiconque. Pistache se porta volontaire pour rendre visite tous les jours à Marcus. Rolehammer, qui était plus prudent choisit de ne pas s’approcher du malade de la semaine, ni de Pistache. Quand le fameux jour arriva, Rolehammer demanda à Pistache comment allait Marcus. Il lui répondit que Marcus allait mieux, qu’il ne s’agissait que d’une mauvaise grippe. Rolehammer voulu s’en assurer et décida de partir au chevet de son ami, mais Pistache voulait l’en empêcher, en prétextant toutes sortes d’excuses. Quand malgré tout Rolehammer arriva à la demeure de Marcus, ses parents refusèrent simplement de le laisser rentrer pour le voir.
« On sait que tu va prévenir le répurgateur Bartholdi ! Laisse tomber c’est même pas la peine d’essayer de rentrer ! Marcus n’a qu’une grippe et si tu tente quoi que ce soit contre lui ou nous… »
Rolehammer ne répondit rien. L’homme qui venait de parler était le père de Marcus, un sergent de son propre père, le baron, un de ses plus fidèle compagnon. Rolehammer prévint Dietrich le répurgateur de la situation.
« Il est claire que nous avons affaire ici à un sérieux problème de corruption chaotique, hum hum... Votre ami Marcus est peut être contaminé par le grand mal et votre ami Pistache l’a prévenu de vos soupçons… Maintenant ce traître a prévenu aussi son entourage et s’est barricadé chez lui… Le simple fait qu’il refuse de recevoir une visite peut suffire à prouver leur culpabilité et peut même, dans certain cas, dissimuler une activité occulte au sein de la demeure… »
« Je n’en sais rien mais vous avez peut être raison… Faite au mieux, vous connaissez votre métier. »
« Hum… Je dois rassembler une troupe et nous irons investir cette maison pour vérifier la nature exacte du problème. Si le chaos se terre là dedans, par Sigmar, je l’extirperais par le feu et dans le sang ! »
Rolehammer écouta le vieil homme la mort dans l’âme mais ne pouvait se résoudre à accepter une quelconque présence chaotique dans son fief, même s’il s’agissait de ses amis. Toute personne qui dissimule sa maladie au regard des répurgateurs est un traître et tout traître doit périr. Dietrich fit appel à un prêtre guerrier ainsi qu’à deux séides et un chien de guerre et la sinistre clique se mit en marche. Le village les regardait passer, les mines sombres et résolues. La rumeur s’était vite répandu que Bartholdi Rolehammer avait fait appel au répurgateur pour faire exécuter ses amis d’enfance. Au yeux de certains, s’était une trahison envers son cercle, et les répurgateurs étaient des bouchers qui frappaient à l’aveuglette pour être sure de tuer quelques cultistes et quelques corrompus dans le lot de leurs nombreuses victimes. Pour d’autres, Rolehammer faisait preuve d’une grande dévotion envers Sigmar, le village était divisé.
Ils arrivèrent à la demeure de Marcus. Van Mertzger leur fit les avertissements d’usage, mais la porte ne s’ouvrit pas. Ils y mirent donc le feu. Le père de Marcus se mit à la fenêtre, armé d’une arquebuse et fit feu sur l’un des séides. Rolehammer répliqua rapidement et lui tira une balle en pleine tête, il sauva la vie du séide à temps !
A l’intérieur les fumées provoquèrent la fuite en avant de la mère de Marcus ainsi que d’une servante et de Pistache, qui les avez rejoint depuis. Rolehammer tira encore un coup de pistolet sur Pistache, elle l’atteint au cœur et il s’effondra tout en fixant Rolehammer d’un regard perdu et paniqué… Il ne comprenait pas comment il avait pu le tuer, il ne comprenait rien ! Le chien de guerre et les séides massacrèrent les deux femmes tandis que le prêtre guerrier et le répurgateur s’enfonçaient déjà dans la maison, armes à la main.
« Rolehammer rentrez ! Rentrez ! » Lui cria Van Mertzger.
Rolehammer était resté là, un peu secoué par le spectacle horrible auquel il assistait. Il se ressaisit vite et plongea dans la bâtisse en flammes armé de son épée et de son pistolet, hurlant son cri de guerre. « Force et pureté ! »
Il découvrit alors le cauchemar : Marcus se transformait en hideuse monstruosité chaotique chevelue et poisseuse ! Seul son visage, que dis-je ! Sa trogne infâme ! Pouvait encore permettre de l’identifier quelques peu. Le reste de son anatomie était méconnaissable, un gros corps démesuré et visqueux, des bras tentaculaires et une odeur atroce, à peine couverte par l’odeur omniprésente de la fumée de l’incendie.
Marcus était un possédé inexpérimenté et peu combatif, il donna quand même du fil à retordre au trio de purificateurs. Le prêtre guerrier lui assénait une pluie de puissants coups de marteau sur la tête, tandis que Van Mertzger lui découpait les bras à l’aide de son sabre. Rolehammer lui donna un coup de main un peu hésitant et tira encore une fois un coup de pistolet. Cet fois, le tir atteint Marcus entre les deux yeux, ce qui eut pour effet de faire gicler la cervelle du monstre dans toute la pièce.
Une fois l’œuvre de Sigmar accomplie, la bande donna un coup de main aux villageois pour éteindre l’incendie et l’empêcher de s’étendre au reste du village. Rolehammer était à la fois anéanti et plus vivant qu’il ne l’avait jamais été. Il ressentait qu’il avait bien agit et qu’il avait atteint un degré de conscience supérieur, il vivait plus intensément chaque seconde de sa vie. Elle serait désormais toute dévouée à Sigmar et à la lutte contre le chaos. Tzeentch devait payer pour ses crimes, et chaque vermine qui embrasse sa cause était devenue un ennemi personnel du Barron Bartholdi Rolehammer.
« Tu as prouvé ta dévotion et tu t’es bien débrouillé tout à l’heure mon petit… Allez viens avec nous, je vais t’apprendre le métier. »
Rolehammer n’avait plus rien à faire ici et parti donc avec la troupe afin de répandre la lumière de Sigmar à travers le monde.